Une jeune fille termine un problème de mathématiques dans une école temporaire dans un camp de réfugiés du gouvernement à Kinshasa, Congo
Une jeune fille termine un problème de mathématiques dans une école temporaire dans un camp de réfugiés du gouvernement à Kinshasa, Congo (Dallas Morning News/mct/ZUMAPRESS.com)
Bambini

Congo: la gratuité de l’enseignement face aux exigences de la Covid

L’éducations des enfants dans les ècoles publiques est devenue gratuite, mais il faut plus d’infrastructures
di Zaina Kere Kere Mishe
Tempo di lettura 9 min lettura
3 settembre 2022 Aggiornato alle 20:00

L’éducation est à la fois un puissant bouclier et solide levier de lutte contre les inégalités sociales. Depuis septembre 2019, les autorités de la République Démocratique du Congo (RDC) ont pris la résolution de rendre gratuit, sur l’ensemble du pays, l’éducation des enfants dans toutes les ècoles primaires publiques.

Cette gratuité de l’enseignement de base, a entrainé une augmentation des statistiques d’enfants à l’âge scolaire de commencer l’école. Les enfants des familles modestes et pauvres qui n’avaient pas accès à l’école compte tenu de l’imposition du système de payement des frais d’études instauré en 1980 à cause de la dégradation du pouvoir èconomique du pays, ont désormais le privilège d’aller à l’école.

Les frais d’études que les parents payaient, couvraient, dans chaque ècole publique, les salaires des enseignants et les coûts de fonctionnement des ècoles publiques.

Pour l’année scolaire 2022-2023, selon les données des experts de la Banque mondiale, plus de 3 millions d’enfants supplémentaires se sont inscrits à l’école primaire à travers le pays, et les inscriptions d’enfants à l’école secondaire ont ègalement augmenté.

La grande partie des ècoles publiques d’enfants en RDC, à la suite d’un accord de partenariat, sont sous la gestion des confessions religieuses (des réseaux d’églises catholique et protestante).

Les parents finançaient eux-mêmes la scolarité de leurs enfants depuis presque 40 ans. Les dépenses des frais scolaires par an, pour un enfant inscrit dans une ècole publique, s’évaluaient à 200 usd américain, soit environ 2 fois le salaire mensuel d’un parent fonctionnaire de l’Etat. La rentrée des classes 2022-2023 prévue pour le 5 septembre 2022 va s’opérer sur fond de lutte contre la maladie à Coronavirus.

La virulence de la propagation de la maladie à Coronavirus impose désormais une nouvelle configuration des salles de classes pour une cohabitation entre èlèves et enseignants afin d’éviter les contaminations. La Covid-19 place décideurs politiques et responsables d’écoles, face à une profonde réflexion sur les infrastructures du système èducatif.

La gratuité de l’enseignement de base, à l’ère du Coronavirus en RDC est dans le contenu de cet article. La viabilité de l’enseignement dépend ègalement, à bien des ègards, des conditions de l’environnement social et des infrastructures (bâtiments, salles de classes, pupitres, bancs, tableaux, bibliothèques etc) pour permettre aux enfants de mieux apprendre et ètudier.

L’augmentation démographique ou effectifs d’enfants en âge scolaire dans les ècoles primaires. Bonne ou mauvaise chose ? Comment les ècoles se sont-elles préparées pour parer à la pandémie Covid-19? Dans quel ètat se trouve les infrastructures scolaires à l’ère de ces deux pandémies? Comment font certaines ècoles pour répondre aux exigences sanitaires du moment? Et comment font-elles pour la répartition des effectifs ou nombres d’élèves dans les salles de classe? Cet article met en exergue, en avant plan une seule ècole publique.

A l’Institut Moteyi, une ècole située à l’Equateur, une province située dans la partie Nord de la RDC, à quelques jours de la rentrée scolaire, les responsables de cet ètablissement scolaire, se préparent à accueillir les nouveaux èlèves. Dieu Donné Indongo Mongo, est préfet à l’Institut Moteyi.

«Nous avons enregistré un nombre èlevé d’enfants pour l’année scolaire 2022-2023. La gratuité de l’enseignement de base a encouragé beaucoup de parents démunis, sans moyens financiers d’inscrire leurs enfants dans notre ècole. Le nombre èlevé des effectifs d’enfants, nous les avons enregistrés dans deux classes : la 7ème et 8 ème année. En 7ème nous avons actuellement un effectif de 128 nouveaux èlèves tandis que l’année dernière, ils ètaient 67 enfants dans la salle de 7ème», raconte Dieu Donné Indongo.

La gratuité de l’enseignement décrété par le gouvernement congolais en septembre 2019 a, selon les sources officielles, notamment la Banque Mondiale, entrainé une explosion démographique dans les ècoles publiques. Pour cette nouvelle année qui va commencer le 5 septembre 2022, le ministère de l’ESPT, Enseignement Primaire Secondaire et Technique (EPST) - un service public d’orientation de l’Etat congolais - attend à recevoir bien plus que les 4 millions inscrits en 2019.

Seulement, la rentrée des classes 2022-2023 s’opère toujours sur fond de lutte contre la Covid-19. Une réalité sociale qui impose des impératives diverses et appelle à repenser la configuration des salles de classes, à redéfinir les rapports entre èlèves dans les salles de classe ou dans la cour de récréation, et voir même les relations èlèves et enseignants.

Le bonus démographique dans les ècoles du secteur public place décideurs politiques et responsables d’écoles dans l’obligation à réétudier le système èducatif dans son ensemble. Car sur le terrain, les ècoles affirment être en difficulté pour recevoir un effectif nombreux dans les salles de classes.

«La pandémie de Covid-19 nous le savons, est un problème et nous avons pris des mesures pour cela. Les èlèves doivent venir avec masques. C’est l’une des mesures que nous préconisons: le port de masque est obligatoire - a expliqué Dieu Donné, avant de poursuivre - Les bancs que nous avons sont très vieux. Nous en avons environ 40 dans la salle de 7ème. Ils sont une acquisition obtenue après les contributions des parents d’anciens èlèves de cette ècole. Avec l’effectif pléthorique que nous avons cette année scolaire, il sera difficile pour que chaque enfant s’assois sur le banc. Sur un banc, on devra placer 4 enfants sinon, d’autres nouveaux inscrits seront obligés d’apporter des tabourets, des escabeaux ou briques pour s’asseoir et suivre les cours. L’année scolaire passée, on plaçait 3 èlèves par banc. Mais cette année nous sommes obligés de mettre 4 èlèves assis dans un banc», a-t-il prévenu.

Avec désormais un effectif global de plus de mille èlèves pour l’année scolaire 2022-2023, contrairement à l’année passée où l’école avait inscrit environ 600 enfants, et face à la menace de contamination des virus Corona, l’école Moteyi ne peut èvoluer à contre pieds. Le respect des mesures barrières est un impératif, même si les moyens et infrastructures de cet ètablissement public qui se situe ègalement dans une zone en conflit armé, sont limités.

«Notre grande peur et crainte c’est l’insécurité qui y règne en maitre dans cette partie du pays. Nous vivons en permanence avec une forte présence des groupes armés qui n’hésite pas de semer terreur lorsque les rebelles décident de faire retentir les armes et kidnapper les enfants afin de les amener avec eux dans leurs camps comme esclaves sexuels et travailleurs. Si l’Etat garantie la sécurité comme en cette période d’accalmie, la gratuité de l’enseignement de base reste une très bonne nouvelle pour les parents surtout, car nous, enseignants, nos salaires n’ont pas èté revu à la hausse», indiqué Dieu Donnée Indongo, préfet de l’école Moteyi.

Gratuité de l’enseignement, une bonne nouvelle pour les parents. Des parents qui sont partagé entre les préparatifs de la rentrée et leurs petits métiers de survie.

«La mesure de l’Etat congolais de rendre gratuit l’enseignement de base est une bonne nouvelle et elle est salutaire. Imaginez un peu, moi qui suis fonctionnaire de l’Etat, gagnant environ 100 dollars américains, soit environ 200 mille francs congolais avec 6 enfants qui doivent être inscrits. Les frais d’inscriptions s’évaluent à 15 dollars par enfants. Mon salaire mensuel ne me permettait pas de faire ètudier mes 6 enfants. Mes deux derniers enfants qui ont vu passé 2 années scolaires sans pouvoir être inscrit, vont à présent cette année, poursuivre leur scolarité sans problème peu importe les conditions dans lesquelles ils ètudient dans l’école publique. Ce qui importe, c’est les ètudes, apprendre à lire et à ècrire», se félicite Jean Baptiste Sombolo, habitant de Mbandaka, ville de la province de l’Equateur.

Selon le Programme des Nations-Unies pour l’Enfance (Unicef), plus de 45 % d’enfants de 6 à 11 ans attendent avec impatience, regagner le chemin de l’école en ce mois de septembre 2022. Si pour certains, les conditions de cohabitation dans leurs salles des classes ne leurs motivent pas, pour d’autres, cela ne constitue en rien une raison de découragement. Avec ou sans masques pour se protéger contre le Coronavirus et le virus de Ebola, les enfants sont déterminés à commencer l’école.

«Je suis impatiente de commencer l’école. Je vais m’appliquer et je serai une bonne èlève car à l’avenir je vais devenir médecin’», raconte Raïssa, en souriant, avant dernière des enfants de Jean Baptiste Sombolo, âgée de 6 ans.

Au-delà de la Covid 19, la province de l’Equateur ètait, avant la fin juillet 2022 à sa quatorzième vague de la maladie à virus Ebola depuis la découverte de la maladie en 1976 en RDC. Des milliers en sont mortes, selon le ministère de la santé publique. Avec la gratuité de l’enseignement, les salles des classes devraient être repensées à cause des nouveaux effectifs, pour limiter la pérennisation de deux maladies: Ebola et Corona en RDC.

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