(Nicholas Kajoba/Xinhua via ZUMA Press)
Diritti

Pamela, aujourd’hui femme autonome

L’impact d’un mariage précoce sur la vie d’une jeune femme, en la République Démocratique du Congo. L’histoire de Pamela
di Zaina Kere Kere Mishe
Tempo di lettura 6 min lettura
22 agosto 2022 Aggiornato alle 15:00

Dans nombreuses provinces de la République Démocratique du Congo (Rdc), le mariage des enfants compromet le développement et èpanouissement des filles.

La pauvreté et les conditions précaires de la vie poussent un grand nombre des parents à encourager le mariage de leurs filles lorsqu’elles sont encore enfants dans l’espoir que cela leur sera bénéfique financièrement et socialement, et allégera les charges financières de la famille, selon les conclusions de l’enquête par grappes à indicateurs multiples (Mics) rendu public en 2020 (une recherche effectuée par le Ministère de la programmation des plans et stratégies des politiques de développement de la Rdc).

Mais à force de larges sensibilisations d’ongs de défense des droits de l’homme, les mentalités et certaines traditions familiales sont bousculées et, de plus en plus des femmes s’émancipent, même si beaucoup reste à faire.

A Kinshasa, ville province et capitale de la Rdc, où l’accès à l’électricité, surtout la possession de l’énergie à utiliser pour cuisiner est un sérieux problème, Pamela, la quarantaine révolue, parcours tous les jours ou presque, plusieurs centaines de kilomètres d’une dizaine de communes avec une bassine remplie des légumes, criant à haute voix toujours, pour attirer la clientèle. «Ndunda, Pondu, Ngaï Ngaï, èpinard, nao teka- légumes amarante, feuille de manioc, oseilles, èpinards, je le vends…», crie-t-elle en déambulant.

Le chiffre d’affaires de la petite entreprise déambulant qu’elle a mis en place après son divorce, s’élève à 60.000 francs congolais (soit environ 30 dollars américains).

Pamela, s’était mariée à l’âge de 17 ans. Elle n’avait pas fini le lycée.

Ses parents, démunis, avaient perçu sa dote alors qu’elle n’avait que 12 ans. « L’ami de mon père, un voisin du quartier, ètait un homme d’affaires qui venait de temps en temps en aide à mon père. Il avait des problèmes de couple avec sa femme quand je franchissais mes 12 années d’âge. Il a promis à mon père qu’il divorcera un jour avec sa femme, le temps que ses enfants grandissent. C’est ainsi qu’il avait dissuader et convaincu mon père pour verser ma dote », raconte-t-elle.

D’après les enquêtes Mics de 2020, près de 55% des ménages à Kinshasa ne possèdent pas de réchauds pour la cuisson.

Ils recourent aux charbons de bois pour cuire les aliments.

«Ma mère et mon père se rendaient souvent chez le voisin pour repasser ma tenue d’uniforme de l’école. On manquait le fer à repasser faute d’argent car mon père ètait un meunier. Ses revenus ne permettaient pas à ma mère de nouer les deux bouts. J’accompagnais souvent ma mère après l’école au marché pour vendre les légumes. Je lui ai vu faire, attirer la clientèle et j’ai appris. Mais aujourd’hui pour ècouler en un temps record les légumes, cela n’est plus èvident. C’est comme ça, je sillonne les communes pour vendre», explique Pamela.

Lorsque la mère de Pamela ètait décédée, à peine, elle savourait sa puberté, l’ami de son père est venu réclamer sa main comme convenue et conclu, trois années auparavant. Elle a deux enfants dont une fille et un garçon. Au bout d’une quinzaine d’années de mariage, et la perte de son père, Pamela a pris la résolution de mettre fin à son mariage, après avoir longtemps subi des violences conjugales, insultes et des paroles rabaissant et humiliantes.

Un autre èlément est la différence d’âge entre les conjoints, le pourcentage de femmes mariées en union avec un conjoint ayant 10 ans ou plus qu’elles.

«Je me sentais comme en prison. Ma vie ne dépendait que du père de mes enfants. On avait un ècart d’âge de 25 ans. Pourtant j’ai toujours èté active et d’ailleurs très active. Le mariage m’empêchait de réaliser mon rêve : ètudier, devenir chef d’entreprise un jour, pourquoi pas?», espère et lâche-t-elle.

Pamela s’est inscrite dans un centre de formation professionnelle depuis 6 mois pour apprendre à bien ècrire et parler le français, avant d’obtenir son baccalauréat ou diplôme de fin d’études secondaires et intégrer l’université.

Mais Kinshasa, avec une superficie de plus de neuf mille kilomètres carrés, compte 24 communes. Sillonnée les rues et quartiers de six ou huit communes, à la recherche des potentiels clients des légumes n’est pas èvident.

Les chaleurs de la ville atteignent des degrés inquiétants à cause des dérèglements climatiques. Les canicules, Pamela en sait assurément beaucoup pour en avoir souffert. Les bénéfices qu’elle gagne, ne sont pas ènorme. Mais pour Pamela, vivre en toute autonomie, liberté et réaliser une partie de son rêve, est une èmancipation.

L’enquête par grappes à indicateurs multiples a èté menée en 2017 et 2018 par l’Institut national de la statistique du ministère du Plan de la Rdc, en collaboration avec l’Unicef, indique que le mariage avant l’âge de 18 ans est une violation des droits de l’homme, mais reste une réalité pour de nombreux enfants. Le droit au consentement «libre et complet» à un mariage est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme - avec la reconnaissance que le consentement ne peut être «libre et complet» lorsque l’une des parties impliquées n’est pas suffisamment mûre pour prendre une décision èclairée au sujet d’un partenaire de vie.

Dans les objectifs de développement durable, le mariage des enfants a èté identifié comme une pratique néfaste que la Rdc devrait viser à èliminer d’ici 2030.

Les femmes mariées avant l’âge de 18 ans ont tendance à devenir mères tôt et à avoir plus d’enfants que celles qui se marient plus tard dans la vie et sont moins susceptibles de poursuivre leurs ètudes universitaires. Le mariage précoce freine l’autonomisation des filles, pousse au désespoir.

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